Dans un contexte énergétique en pleine mutation, la flexibilité et la durabilité des infrastructures sont devenues des enjeux majeurs. Chez Alpiq, nous croyons fermement qu’il reste des gisements de valeur inexploités dans nos aménagements hydroélectriques et que l’innovation est la clé pour les révéler. C’est pourquoi nous investissons dans des projets de recherche ambitieux, en collaboration avec des hautes écoles, les écoles polytechniques fédérales et des partenaires industriels.
Trois questions à Martin Boden, ingénieur de projet chez Alpiq
Pourquoi Alpiq s’investit-elle autant dans des projets de recherche comme HydroLEAP ?
Parce que l’hydroélectricité est au cœur de notre stratégie énergétique, et qu’elle doit évoluer pour rester compétitive. Les centrales doivent être capables de répondre rapidement aux fluctuations du réseau, surtout avec l’essor des énergies renouvelables intermittentes comme le solaire ou l’éolien. Investir dans la recherche, c’est anticiper les besoins futurs du système électrique pour s’adapter plus rapidement aux évolutions du marché, améliorer la performance de nos installations et garantir une sécurité d’approvisionnement durable. HydroLEAP nous a permis de tester des solutions concrètes sur le terrain, avec des résultats très prometteurs. Et ceci grâce notamment au soutien indéfectible de Nicolas Rouge, directeur des Forces Motrices Hongrin-Léman.
Quelles sont les innovations les plus marquantes issues du projet ?
Je citerais trois avancées majeures. D’abord, les nouveaux modes de court-circuit hydraulique, qui permettent une plus grande souplesse d’exploitation en mode pompage. Ensuite, les grilles antivortex installées sur les pompes de la centrale de Veytaux I : une solution au final très simple qui a permis de réduire les vibrations de manière spectaculaire, améliorant la fiabilité des équipements. Enfin, le développement d’un monitoring vibratoire non intrusif, qui ouvre la voie à une maintenance prédictive plus intelligente. Ces innovations sont directement applicables et ont un vrai potentiel de transfert vers d’autres aménagements.
Et maintenant, quelles sont les prochaines étapes ?
Nous allons passer à la phase de mise en production des nouveaux modes de court-circuit hydraulique, avec des ajustements mineurs sur les automatismes. Pour les grilles antivortex, une extension aux autres groupes de Veytaux I est envisagée. Quant au monitoring vibratoire, il est déjà intégré dans la roadmap de maintenance prédictive à travers l’outil GuardHEX, géré par HYDRO Exploitation. D’ailleurs, Alpiq et FMHL ont contribué au développement initial de cet outil dans le cadre d’un projet pilote. C’est un bon exemple de synergie entre différents projets de recherche et d’innovation.
HydroLEAP a également nourri d’autres projets de recherche, tels que ReHydro, un projet européen financé dans le cadre du programme Horizon et lancé en 2024, qui explore notamment l’impact de l’érosion par les eaux glaciaires chargées en sédiments sur les turbines.
Martin Boden, project engineer at Alpiq
HydroLEAP est l’un de ces projets phares. Lancé en 2020 et clôturé en 2025, il a permis de tester et valider des solutions concrètes pour rendre les aménagements hydroélectriques suisses plus flexibles, plus fiables et plus durables. Ce projet, cofinancé par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), s’inscrit dans la continuité du projet européen XFLEX Hydro (Programme Horizon) et a mobilisé un large réseau de partenaires, dont l’EPFL, la HES-SO, l’ETH Zurich, Hydro Exploitation, et bien sûr les Forces Motrices Hongrin-Léman (FMHL) et Alpiq.
Concrètement, il vise à adapter les centrales existantes afin d’accroître leur flexibilité et leur robustesse, en réponse à l’intégration croissante des énergies renouvelables. Le projet s’appuie sur trois démonstrateurs majeurs – les centrales de pompage-turbinage des FMHL ainsi que la centrale d’Ernen et le projet de centrale au fil de l’eau Massongex–Bex–Rhône via les FMV (Forces Motrices Valaisannes). Il combine la validation de nouveaux modes d’exploitation - tels que le court-circuit hydraulique, l’hybridation batterie-turbine, des solutions de monitoring vibratoire avancées -, la conception de mesures pour limiter l’usure et la fatigue des équipements, ainsi que la modernisation d’infrastructures de test à l’EPFL. L’ambition d’HydroLEAP est ainsi double : générer des bénéfices concrets pour les exploitants et ouvrir de nouvelles voies de recherche pour une hydroélectricité plus flexible, durable et performante.
Parmi les avancées majeures démontrées à FMHL : de nouveaux modes d’exploitation en court-circuit hydraulique, des grilles antivortex pour réduire les vibrations de certaines pompes, des outils de surveillance vibratoire pour anticiper les défauts, et des méthodes pour limiter la fatigue des machines lors des démarrages et arrêts.
Ce projet a également permis à la plateforme des Machines Hydrauliques de l’EPFL (PTMH) de financer la modernisation de son banc d’essai pompe-turbine, situé à seulement 300 mètres de nos bureaux à Lausanne, à un moment où cette technologie suscite un regain d’intérêt en Europe et dans le monde, et constitue un axe stratégique pour Alpiq.
Pour en savoir plus, nous avons rencontré Martin Boden, ingénieur de projet chez Alpiq, qui a piloté plusieurs volets du projet HydroLEAP.